Well being

La sieste au bureau : ce sont les skippers qui en parlent le mieux

23 févr. 2022

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Perte de temps ou accélérateur d’énergie ? La sieste au bureau reste une anomalie, voire une curiosité. Et pourtant ! Elle est un droit constitutionnel depuis 1948 en Chine et presque obligatoire au Japon. Même les Etats-Unis ont leur « Power nap » ! En pleine mer, les skippers solitaires n’ont guère le choix : il faut tenir éveillé, coûte que coûte, et affronter les éléments autant que leur propre épuisement. Nous sommes partis à la rencontre d’Armel Tripon inscrit au prochain Vendée Globe pour mieux comprendre les atouts de la sieste.

Pendant les courses au large, la fatigue, le stress, le bruit incessant peuvent altérer la vigilance du skipper. C'est la raison pour laquelle Armel Tripon a embarqué à bord de son monocoque lors du dernier Vendée Globe un dispositif pour lui permettre d'évaluer sa lucidité. « On fonctionne essentiellement en mer avec du sommeil fractionné. Je sais par exemple que cela ne sert à rien de dormir le matin car ce n’est pas du très bon sommeil. Par contre le soir, j’ai une porte du sommeil qui est intéressante où sur une heure de temps je vais récupérer deux à trois heures de sommeil efficace » expliquait le skipper professionnel Armel Tripon à nos confères de France 3 pays de la Loire, peu avant le départ de son premier Vendée Globe en 2020 pour lequel il est arrivé en 11e position après 84 jours, 17 heures, 07 minutes et 50 secondes de course autour du monde en solitaire.

Etat de lucidité

Pour mieux contrôler ces coups de barre qui arrivent parfois sans prévenir, le navigateur s’est tourné vers l’université de Nantes. Dans ce laboratoire de recherche une équipe a imaginé pour lui une application baptisée LuciEole. Elle permet à tout moment de connaitre son état de lucidité en répondant régulièrement à une série de questions. L’algorithme va renvoyer une appréciation sous forme d’alertes au skipper pour lui dire ce qu’il pense de ses évaluations concernant sa fatigue physique et mentale, sa lucidité et la privation de sommeil.

L'apprentissage du sommeil fractionné

« Les navigateurs qui se lancent dans une course en solitaire doivent se préparer à un sommeil fragmenté polyphasique en plusieurs phases de 10 à 40 minutes maximum. Il s'agit de multiples siestes qui vont se compter au nombre de 3 à 6 par tranche de 24 heures » souligne Bertrand de la Giclais, l’un des grands spécialistes de la médecine du sommeil dans le magazine Sciences et Avenir. Le médecin distingue deux types de sommeil réparateur : le sommeil lent profond qui joue un rôle de régénérateur physique et qui s'obtient en condition "normale" au bout de 40 minutes d'endormissement ; et le sommeil paradoxal qui est, lui, un régénérateur psychique et qu'on atteint généralement après 70 minutes de sommeil. Les navigateurs, malgré les temps très courts de leur sieste, doivent pouvoir atteindre ces deux types de sommeil pour tenir le coup. Car faute d’une bonne gestion du sommeil les navigateurs de l’extrême pourraient vite sombrer « dans le rouge ».

Le sommeil, nerf de la guerre

Le premier risque c'est d'être plongé dans ce qu'on appelle l'inertie du sommeil. Les marins vont alors s'endormir inexorablement pour un cycle normal de 5 à 6 heures durant lesquelles le bateau est livré à lui-même. Le second danger provient des hallucinations hypnagogiques qui résultent d'un manque de sommeil paradoxal. Les marins peuvent avoir des hallucinations visuelles très fortes et troublantes, vision d’un proche, ou auditives jingle de RTL pour le skipper Fabrice Amadéo, bruit de sirène… Nous le voyons pour bien réussir sa course, il ne s’agit pas seulement d’avoir la forme et le sens de la mer. Il faut aussi être un dormeur de haut niveau !

Est-ce la même chose au bureau ? Faut-il être un dormeur de haut niveau pour réussir dans les affaires ? Une chose est sûre, le sommeil diurne a des incidences directes sur l’hypertension, la mémoire et la créativité. Car au-delà de la mode et des préjugés, « la sieste n’est pas culturelle, elle est naturelle. C’est nous qui en faisons quelque chose de culturel », rappelle le docteur Eric Mullens, auteur du livre « Apprendre à faire la sieste ». Reste à trouver le meilleur « spot » pour s’installer et éviter l’effet « AZERTY » sur la joue. Et c’est détaché des injonctions culpabilisantes, qu’Imagin’Office assume la démocratisation de la pratique de la sieste dans ses espaces, notamment à Imagin’La Défense et Imagin’Monceau où des nap rooms ont été aménagées, tels des cocons, pour accueillir les siestes régénératrices de ses résidents.

Vendée Globe 2024 : le voilier d’Armel Tripon sera en fibres de carbone recyclées

C’est décidé ! Pour le Vendée Globe 2024, le monocoque 60 pieds d’Armel Tripon sera construit à partir de chutes de fibres de carbone. Le skipper nantais et le technocentre AIRBUS de Nantes initient une collaboration inédite autour du développement d’un nouveau voilier de la classe IMOCA de 18 mètres fabriqué à partir de fibres de carbone déclassées et de chutes de pièces composites. Ce bateau devrait voir le jour en 2023 et ouvrira la voie à une nouvelle filière de valorisation des composites pour AIRBUS dans des applications nautiques. Fort de sa performance lors du dernier Vendée Globe, la course autour du monde en solitaire, sans escales et sans assistance, à bord d’un bateau audacieux aux formes révolutionnaires et conscient que la construction navale génère des impacts environnementaux très importants, Armel Tripon a souhaité réfléchir aux côtés de son territoire à de nouvelles alternatives. « N’est-ce pas à nous skippers, d’amorcer une prise de conscience collective et d’être acteurs du changement dès maintenant ? J’ai à cœur de montrer l’exemple avec un projet novateur. Ici s’écrit la voile de demain, ambitieuse responsable et collaborative. A nous tous, maintenant de convaincre des entreprises de nous rejoindre dans ce challenge humain » souligne le skipper. 

 

Et vous, vous êtes pour ou contre la sieste au bureau ?

      

Le palmarès d’Armel Tripon

  • 2020 : 11ème du Vendée Globe sur L'Occitanie en Provence, en 84 jours, 17 heures et 7 minutes.
  • 2018 : Vainqueur de la Route du Rhum en Multi50.
  • 2017 : Vainqueur de l'Armen Race.
  • 2017 : 3ème de la Transat Jacques Vabre.
  • 2014 : 4ème de la Route du Rhum en Class40.
  • 2013 : Vainqueur des Sables - Horta - Les Sables.
  • 2013 : 6ème de la Transat Jacques Vabre en Class40.
  • 2012 : 3ème de la Solidaire du Chocolat en Class40.

 

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Photo : Pierre Bourras, L'Occitane en Provence

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